François fait partie de ces éducateurs qui sont passés du dressage à l’éducation. A la veille de sa majorité, il intègre le premier régiment de chasseurs parachutistes en compagnie de réserve durant 5 ans, période au cours de laquelle il atteint le grade de Sous-officier. A l’issue, il est recruté en Gendarmerie et devient Brigadier. En 2012, il est retenu pour rejoindre le Groupe de Protection et de Sécurisation des Réseaux (GPSR) d’Ile de France. Passionné par les chiens depuis son plus jeune âge, il se spécialise dans la conduite des chiens de défense et valide sa formation. Il devient alors maître-chien de l’Unité Cynophile du GPSR, effectuant des missions de terrain et répondant aux sollicitations de son employeur pour l’entrainement des chiens au mordant et aux frappes muselées.
Néanmoins, opposé à la dureté des méthodes de dressage des chiens de défense, François se retrouve très vite dans une impasse. Le dressage a pour principale préoccupation la réalisation en bonne et due forme d’un exercice donné. Il consiste à faire céder le chien, souvent en se servant d’outils tels que la peur, la contrainte ou encore la violence, l’objectif étant d’obtenir un résultat et ce rapidement. Toutefois les émotions négatives et le stress générés par la répétition des stimuli aversifs et/ou douloureux s’accompagnent de dérives comportementales qui entrainent le plus souvent l’agressivité. Agressivité, qui est considérée, ici, comme un moyen de défense d’un individu soumis à une pression extérieure.
Confronté à cette situation anxiogène qui va à l’encontre de ses principes éthiques, François exprime alors un besoin de cohérence et de retour aux fondamentaux. En 2015, il prend un congé sans solde et part sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Il parcourt 800/kms en autonomie, au cours desquels il renoue avec ses aspirations profondes, ses convictions et ses valeurs enfouies durant des années de conditionnement, de rigidité et d’abnégation.
De retour de son périple, il s’envole pour le nord de la Thaïlande où il réalise une mission de bénévolat au centre de sauvetage et de réhabilitation des éléphants, l’E.N.P. C’est au sein de ce centre que François s’investit quotidiennement pour les quelques 400 chiens qui y ont trouvé refuge. Cette aventure humaine confirme sa vocation et creuse l’écart entre son mode de vie et ses convictions profondes.
En 2017, répondant à son désir de découvrir de nouvelles approches comportementales et de se perfectionner dans ce domaine, François candidate pour la formation d’éducateur canin dispensée à Cibeins dans l’Ain. Sélectionné, il entame 8 mois de formation qui bouleversent sa vision de l’espèce canine. Il y découvre également les préceptes de la psychologie qui seront source de prises de consciences et de nouvelles perspectives. A l’école, comme au cours de ses stages, il rencontre de nombreux professionnels du secteur, très investis pour la cause animale et la transmission d’un savoir appuyé par la communauté scientifique. Il part alors à la découverte du monde canin ; mushing (chiens de traineaux), refuges, chiens guides d’aveugles, mantrailing (chiens de recherche de personnes), François multiplie les expériences enrichissantes et développe ses compétences.
C’est au terme de cette démarche, que François a cessé de dresser. A présent il éduque. A l’image de sa propre expérience, il privilégie l’épanouissement au profit de la performance et non la performance au détriment de l’individu. Puisque l’éducation est la mise en oeuvre des moyens propre à assurer la formation et le développement de l’être, ces moyens sont sélectionnés en fonction du tempérament, de la réceptivité et des aptitudes de chacun. L’objectif phare, se trouvant dans le droit fondamental au respect de l’intégrité des individus. Le chemin est certes plus long, le travail plus exigeant mais il participe au développement d’individus équilibrés et offre des résultats durables.
Aurélie VASSALLO